Rencontre avec Virginie Breuls, secrétaire générale de l'UP TV-M

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Jean-Stéphane Malherbe © UP TV-M

Si l’Union belge francophone des producteurs de télévision a vu le jour en 2013 sous le nom de TV Prod, depuis 2020, ses membres ont décidé de lui donner une nouvelle dynamique. Rencontre avec Virginie Breuls, secrétaire générale de l’union que l’on appelle aujourd’hui UP TV&M.

D’où est venu le besoin de créer une nouvelle dynamique pour l’Union des producteurs TV ?

Virginie: "TV Prod a été créé par Frédéric Ledoux qui a porté cette initiative à bout de bras pendant de nombreuses années. Il a réussi à instaurer une dynamique d’échanges et de dialogues avec les instances publiques comme mediarte ou le CSA, mais aussi avec les diffuseurs, RTBF, RTL, BeTV, etc."

"De nombreux dossiers ont d’ailleurs été suivis par l’Union : la taxe redevance en 2014, le contrat de gestion 2019-2022 de la RTBF, mais aussi l’élaboration de la ligne Wallimage pour le cofinancement des pilotes d’œuvres télévisuelles de flux en 2017. Frédéric Ledoux a malheureusement dû faire face à la difficulté de porter une double casquette à la fois de président de TV Prod et celle de producteur de programme. Or, il est loin d’être évident de se positionner face à un diffuseur quand celui-ci est également votre client."

"Il a proposé de remettre son mandat et les membres ont alors élu Jean-Stéphane Malherbe. Ce dernier travaille comme producteur indépendant à la fois pour la RTBF et pour RTL, ce qui lui confère une vision assez large du secteur et une souplesse dans ses actions. Toutefois, il était évident pour lui qu’il fallait un visage indépendant du secteur pour gérer au quotidien l’Union. C’est ainsi que mon nom lui a été suggéré."

Vous-même, vous n’êtes pas une inconnue du secteur…

Virginie: "En effet, après une formation en audiovisuel à l’IAD, j’ai collaboré avec plusieurs organismes dans le secteur, dont TWIST et mediarte pendant plusieurs années. Cette nouvelle fonction me permet ainsi de valoriser ma connaissance et mon expérience dans le secteur, et ce, sans être dans une situation avec un conflit d’intérêts potentiel. De même, comme je suis active pour UP TV&M seulement une partie de mon temps, je pense être capable de prendre du recul sur les dossiers."

Qu’y a-t-il derrière ce nouvel acronyme UP TV&M ? 

Virginie: "Avec le « UP » (pour Union Professionnelle), l’envie était de montrer la volonté de tirer l’ensemble du secteur vers le haut. « TV&M » désigne, quant à lui, les contenus télévisuels et multimédias. Les formats TV ont évolué de façon considérable générations après générations. Il y a eu un coup d’accélérateur avec l’avènement du digital et les nouvelles façons de consommer les contenus audiovisuels. Les membres de UP TV&M produisent aujourd’hui tantôt des séries documentaires,par exemple H.A.N. produit par Agent Double, tantôt des émissions sportives, tantôt des jeux quotidiens. Cette diversité dans les formats se traduit aussi sur les autres aspects de la production : les modes de diffusion, les financements, la gestion de droits de propriété intellectuelle, les publics cibles, etc. En ajoutant la dimension « multimédia », la volonté d’UP TV&M était d’englober les producteurs de l’ensemble des formats."

"Dans cette optique d’ouverture à de nouveaux membres, nous avons également mis en place en mai dernier une charte du producteur. L’idée est de proposer des balises en terme de bonnes pratiques. L’objectif est à la fois de garantir des prestations de service dans le respect des règles du secteur au sein des membres et de montrer la démarche d’UP TV&M vis-à-vis des sociétés qui souhaiteraient rejoindre l’Union."

"Nous avons également démarré une campagne de recrutement pour de nouveaux membres. Notre volonté est de nous ouvrir afin d’être le plus représentatif de l’ensemble du secteur et être un interlocuteur privilégié pour les différentes instances."

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Quel est le rôle de UP TV&M aujourd’hui ?

Virginie: "Nous sommes à la fois une plateforme d’échanges pour nos membres, mais aussi un intermédiaire et un facilitateur vers les acteurs présents dans le secteur. Il y a bien entendu les radiodiffuseurs et les plateformes digitales. De l’autre côté, il y a toutes les instances qui régissent ou qui soutiennent le marché. Je pense au CSA, à mediarte. Il y a aussi les cabinets ministériels, les fonds régionaux (Wallimage et screen.brussels) et les clusters économiques (TWIST, etc.). Je pense encore à l’UPFF qui est notre équivalent pour le secteur du film. Même si les modalités de productions, les formats et les publics sont différents, nous avons des sociétés sensiblement similaires dans nos deux unions et, de facto, des points d’intérêt communs."

"La période actuelle connaît plusieurs changements majeurs et structurels. Il y a par exemple le rachat de RTL par l’éditeur de presse francophone Rossel et le groupe flamand DPG Media. L’Union est évidemment rassurée de voir que le radiodiffuseur reste dans un giron belge. Nous espérons évidemment que le changement d’actionnariat permettra de maintenir les collaborations entre RTL et nos membres producteurs, voire de les renforcer."

"Autre changement, l’application de la directive SMA notamment aux éditeurs digitaux comme Netflix ou Disney+. Ces nouveaux diffuseurs doivent désormais contribuer à la création locale de contenus. Même si cette contribution reste peu importante (elle est actuellement fixée à un maximum de 2,2% du chiffre d’affaires), elle permettra de soutenir activement et concrètement la création audiovisuelle belge francophone. Du côté de l’Union, nous entendons bien montrer que nos membres sont capables de transformer cette obligation qui leur est imposée, en valeur ajoutée qui leur sera également profitable."

"Le dossier qui retiendra encore notre attention cette année sera le renouvellement du contrat de gestion de la RTBF. Sans surprise, nous espérons que le radiodiffuseur public élargira son ouverture à la production indépendante belge francophone. À nouveau, nous sommes convaincus qu’un renforcement des collaborations avec nos sociétés de production serait profitable à toutes les parties."

"Enfin, nous collaborons également les Fonds régionaux, Wallimage et screen.brussel autour des lignes de financement pour la mise sur le marché de format TV. Cette collaboration se déroule sous forme de réflexion et de consultation du secteur à travers l’Union. Et cela est profitable tant pour ces fonds qui restent à la manœuvre que pour nous qui avons la possibilité d’émettre un avis et d'informer nos membres."

"Pour accompagner la réflexion autour de ces différents dossiers, nous avons également l’intention de relancer le Plan TV dans la lignée de ce qu’avait mis en place le CSA il y a quelques années, en collaboration avec mediarte et screen.brussels."

Le dossier qui retiendra encore notre attention cette année sera le renouvellement du contrat de gestion de la RTBF.

Virginie Breuls

Comment comptez-vous construire ce « Plan TV » ?

Virginie: "Ce Plan TV prendra la forme de conférences, de newsletters et tables de discussion. Il s’agit véritablement de créer des espaces d’inspirations, d’informations et d’échanges entre les producteurs TV et l’ensemble des acteurs du secteur, ce compris les diffuseurs."

"Jusqu’à présent, l’idée de la relance de cette dynamique a été accueillie très positivement par tous les acteurs du secteur à qui nous avons eu l’occasion de le présenter, que ce soit le CSA, les fonds régionaux et même du côté de la Fédération Wallonie-Bruxelles au travers du cabinet de la Ministre des médias, Bénédicte Linard."

"Nous sommes convaincus que la structuration du secteur sera renforcée avec une initiative comme celle-là."

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