Bruxelles, on n’a pas (encore) de grands studios mais on a des idées

@Screen.Brussels
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Chaque année, la Région de Bruxelles-Capitale accueille le tournage de près d’une cinquantaine de longs-métrages et séries télévisées. Elle concentre d’ailleurs un grand nombre de professionnels de l’audiovisuel rompus aux productions belges et internationales (environ 8000). Pour découvrir l’envers du décors, vous aurez pourtant bien du mal à trouver de grands studios où tout un univers est reproduit en carton-pâte.

Bruxelles possède un patrimoine architectural riche et varié, mais lorsqu’il s’agit d’installer une grosse production, il faut parfois jouer d’ingéniosité. Car grosse production rime souvent avec grands besoins d’espace, pour construire, entreposer et utiliser les décors, les loges et autres stands de maquillages, habillages et coiffure (hmc), stocker les costumes, le matériel technique, organiser le catering des équipes, etc.

Nouer des partenariats pour dénicher des bâtiments inoccupés

Comme dans toute grande métropole, Bruxelles peut offrir en permanence un certain nombre de bâtiments et de  surfaces inoccupées – pour des durées longues ou plus brèves – susceptibles d’être reconverties et utilisées en studios . « C’est pourquoi un partenariat avec citydev se révèle des plus utiles par exemple » précise Pierrette Baillot, manager de la screen.brussels film commission, la cellule de soutien logistique aux tournages à Bruxelles. En effet, l’entité responsable du développement urbain de la région s’occupe de la gestion de très grandes surfaces pour accompagner le développement économique et urbanistique, soit des parcs industriels, scientifiques ou pour PME ou encore des logements. « Citydev a depuis près de 10 ans participé à une vingtaine de tournages, afin de mettre des lieux à disposition pour des petites ou plus longues durées» nous explique Dominiq Verfaille, assistante commercialisation chez citydev.brussels. Les lieux sont mis à dispositions pour des occupations diverses : du stockage de décors pour la série La Trêve ,(Hélicotronc), de Benjamin d’Aoust, Stéphane Bergmans et Matthieu Donck durant 6 mois au Parc PME Newton à Anderlecht à la location d’un parking de 1000 m2 au Da Vinci à Evere pour Zone blanche, saison 2 (BE Films) de Thierry Poiraud et Julien Despaux durant une journée, en passant par la sécurisation des camions techniques et caravanes de maquillages/essayages durant la nuit pour le film Sprite Sisters (Caviar) de Sven Unterwaldt, à Haeren.

@BE films
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Un cas d’école, l’hôpital

Nombre de productions comprennent des scènes d’hôpital, et cela s’avère souvent délicat en termes d’organisation. On imagine bien que de nombreux paramètres de sécurité et de planification entrent en ligne de compte lorsqu’il faut investir un hôpital encore en activité, pour ne pas perturber l’activité du lieux. « C’est pour cela que l’on a sauté sur l’occasion » raconte Maxime Maisin, directeur de Production chez BE Films pour Zone Blanche, Saison 2  à propos du tournage au centre hospitalier d’Edith Cavell à  Uccle. « Le fait d’avoir pu tourner dans un hôpital en cours de déménagement, qui présentait encore certaines salles fournies en matériel de base était une grande chance ». Ainsi, pour les 7 jours de tournages, la production a pu non seulement aménager un lieu prêt à  l’emploi mais également poser ses caravanes pour la régie, le catering, le hmc, et les bureaux. Mais force est de reconnaître que ce genre d’opportunité est rare, et qu’elle conduit vite à une saturation. Trouver des hôpitaux à   Bruxelles pour les tournages demeure un grand défi à l’heure actuelle.

Victor Hugo dans une ancienne pouponnière

L’été 2018 a vu l’arrivée du tournage de la série événement de la BBC Les Misérables de Tom Shankland. Pour accueillir une production de cette ampleur (350 personnes), les coproducteurs bruxellois de Czar ont dû redoubler d’ingéniosité et ont fini par trouver les entrepôts inoccupés d’une grande chaîne de vêtements et accessoires pour bébé (Orchestra), à Haeren. C’est ainsi qu’ils ont pu y installer les bureaux de la production, mais aussi y construire les décors, y tourner certaines scènes et entreposer les milliers de pièces de costumes, chapeaux, charrettes, meubles et armes à feux…

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Un commissariat dans une maison de retraite

C’est enfin également le cas de la première saison d’Unité 42 de Indra Siera, Roel Mondelaers et Hendrik Moonen produit par Left Field Ventures. Grâce à une collaboration fructueuse avec la commune de Berchem-Sainte-Agathe et son CPAS particulièrement, la série à succès de la RTBF a pu investir une ancienne maison de retraite et le reconvertir pour les besoins de la production : « Le bâtiment du CPAS a été utilisé comme commissariat pour près de quarante jours de tournage. Il offrait la possibilité de créer de nombreux sous-décor : les bureaux de l’Unité et les salles d’interrogatoire; le labo IT d’analyse technique des ordinateurs et composant informatiques; la cantine du commissariat; le bureau de la commissaire principale, les couloirs et toilettes et cages d’escalier qui ont permis une déambulation. Nous y avons aussi construit le stand de tir de l’Unité » se souvient Christelle Mahy, productrice exécutive pour Unité 42. « Le toit plat a également servi au décor à certaines séquences entre les personnages principaux, permettant d’être en extérieur tout en gardant une unité de lieu narrative du commissariat » ajoute-t-elle, ainsi que l’extérieur du bâtiment, situé dans un petit parc privé, pour des séquences d’arrivée et de départ en voiture. Ici encore, la production a pu installer durant la période de tournage les bureaux de production et régie, la cantine pour l’équipe, le HMC ainsi que les loges comédiens, mais également le stock de décoration, le bureau de décoration et l’atelier accessoire et le matériel régie, sur toute la durée de la production.

Des solutions flexibles, mais pas sans contraintes

Il faut tout de même souligner que ces occupations temporaires s’accompagnent de leur lot d’obligations. Une fois la (longue) période du repérage effectuée, il reste encore tout le côte administratif et organisationnel à régler : contrats, mise en conditions d’utilisation (chauffage, électricité etc.), sécurisation des lieux (dépollution des sites, accès sécurisés, stabilité etc.). Cependant, les professionnels parviennent à dépasser ces obstacles pour investir des lieux que l’on ne pourrait de toute façon pas reproduire en studio. Et qui offrent ces solutions flexibles tout en répondant aux demandes artistiques et aux ambitions visuelles des réalisateurs.

Consciente des incroyables ressources offertes par une métropole en évolution permanente, screen.brussels continue à  enrichir chaque jour son réseaux des contacts publics et privés susceptibles d’offrir aux productions les décors dont ils ont besoin.      

@Left Field Ventures
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