In the picture - Ingénieur du son

FABRICE EN TOURNAGE EN MONGOLIE © CHARLOTTE MARCHAL
© Charlotte Marchal

Fabrice Osinski est ingénieur du son pour le cinéma de fiction et pour des documentaires. ll vit à Bruxelles et exerce son métier le plus souvent à l’étranger. Fabrice a réalisé ses études en France à l’ENSAV, une école publique de cinéma, où il se spécialise avec un master en son.

Après un stage chez Alea Jacta à Bruxelles en 2004, Fabrice trouve du boulot à la RTBF (dans le reportage) et y reste 3 années. Il commence ensuite à travailler sur des documentaires comme preneur de son, ainsi que sur ses propres réalisations radiophoniques. Au milieu de tout ça, il prend part en tant qu’ingénieur du son à un long métrage en Grèce, Xenia de Panos Koutras, qui est sélectionné pour le festival de Cannes. À partir de ce moment-là, les productions belges commencent à le contacter pour des projets de fiction également. Il a travaillé avec des réalisateurs tels qu’Emmanuel Marre, Eve Duchemin, Clément Cogitore, Antonin Peretjatko, Sarunas Bartas, Fabienne Berthaud, Andy Byatt, Isold Uggadòttir, Guérin Vandevorst ou encore Guillaume Senez et récemment il a tourné avec Ismaël El Iraki ou Julia Ducournau.

Quelles sont, selon vous, les compétences essentielles pour exercer votre métier ?

Fabrice: "Il faut d’abord aimer ça. Ingénieur du son, ça peut être beaucoup de métiers différents. Il y a les ingénieurs du son en radio, en musique, en télé, en fiction, ... mais tous ces métiers ont une base commune. En ce qui concerne mon métier à moi, qui est d'enregistrer le son direct des films, il faut avoir, outre les compétences techniques, une certaine méthode de travail ; c’est-à-dire, bien préparer le tournage en amont pour ne pas avoir à penser à tout ce qu’on doit faire sur le plateau. Il faut être plutôt organisé, un peu maniaque. Je considère que le rôle d’un perchman est d’être tout le temps sur le plateau : « à la face ». Il doit assister à la mise en place du plan : des lumières, de la machinerie, il doit dans le même temps réfléchir à l’emplacement idéal pour mettre sa perche et aussi se demander ce qu’il peut attraper comme répliques ou ne qu'il ne pourra pas attraper en fonction de l’agencement du décor, des sources de lumières, des ombres et des reflets, etc. En fonction de ce que j'entends et de ce qu'il me dit, je peux ajouter d'autres microphones, des appoints, une deuxième perche."

"Mon rôle en tant qu’ingénieur du son, c’est de penser aux dispositifs globaux. Je dois aussi paramétrer les machines pour que le son soit le mieux possible et le plus clair à l’intérieur de celles-ci. Je dois faire le lien entre le tournage et la post-production. Dans l’équipe son, le perchman a un rôle technique, et l’ingénieur du son a un lien plus étroit avec l’organisation du film, la production et la réalisation. Il est précieux d’avoir une certaine sensibilité sonore au jeu des acteurs. Il faut aussi comprendre les enjeux de réalisation du film, et des scènes en particulier. Il est essentiel d’avoir un point de vue sur le découpage et de comprendre ce qui se joue au moment où on le filme : le rythme et l’énergie des acteurs. Avoir une compréhension des acteurs fait également partie du boulot."

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Est-ce différent quand il s’agit de documentaire ?

Fabrice: "Sur un documentaire, on est tout seul au son. L’équipe est globalement beaucoup plus légère que sur une fiction. L’équipe fait corps. C’est peut-être moins diplomatique qu’en fiction. En effet, en fiction, chacun a ses urgences, ses missions et on n’a pas une minute à perdre. En même temps, tout le monde doit bosser au même endroit avec les mêmes acteurs, dans les mêmes décors. Il y a une concentration d’énergies qu’il faut absolument comprendre."

"C’est utile d’avoir un coup d’avance sur ce qui se joue et de ne pas avoir à poser trop de questions. Tu peux poser des questions, mais c’est encore mieux si tu les résous par toi-même."

Comment faites-vous pour rester à la pointe dans votre fonction ?

Fabrice: "Je passe une partie de mon temps à lire, à me documenter, à regarder ce qui sort comme matériel. Il y a aussi pas mal de constructeurs qui nous contactent pour nous informer des nouvelles machines et des évolutions. En fonction de tes besoins, tu vois si elles sont faites pour toi ou pas. Je suis également sur des groupes Facebook où l’on partage nos informations. Si quelqu’un a une galère sur une machine, on va partager nos solutions."

"La théorie nourrit la pratique et inversement. Si tu as envie de progresser et de faire du meilleur travail, tu te poses des questions et tu as envie d'être meilleur. D’un tournage à l’autre, on apprend des choses, on discute sur le plateau, on partage nos expériences."Je regarde aussi pas mal de films et quelques séries, et ce depuis longtemps. J’en vois des récents et des plus anciens. Un collègue me disait qu’il regardait un film par jour, ce n’est pas mon cas, mais j’en vois tout de même, un certain nombre chaque mois. C’est capital de regarder ce qui se fabrique comme cinéma année après année."

La théorie nourrit la pratique et inversement. Si tu as envie de progresser et de faire du meilleur travail, tu te poses des questions et tu as envie d'être meilleur.

Fabrice Osinski

Votre travail est-il parfois sous-estimé ou mal compris ?

Fabrice: "Mal compris, par les gens en général, certainement. Il faut dire que c’est un peu bizarre comme métier. Un plateau obéit à une logique extrêmement puissante. Si tu n’as pas les codes, c’est comme quelqu’un qui regarderait une course cycliste en pensant que c’est un sport individuel, il ne comprendrait rien. Si tu comprends que c’est un sport collectif, tu comprends déjà mieux les enjeux. Par contre, dans la profession, les gens comprennent mon métier. Même si c’est un métier un peu à part, car on semble parfois focalisés sur des détails qui pour le son sont très importants. Ce sont des enjeux qui peuvent paraître un peu obsessionnels."

"Enfin, le métier d’ingénieur du son n’est pas sous-estimé mais sur un tournage, on peut avoir des contraintes de temps ou d’argent. Les bons réalisateurs font très attention au son. Pour autant, en tournage, ils peuvent être dépassés par l’urgence, le stress, ça peut arriver. Certains, par contre, peuvent saboter leur son. Cela ne m’est quasiment jamais arrivé, peut-être parce que je choisis les projets avec une attention accrue sur cet aspect-là. Les réalisateurs qui ont de l’expérience et de la gamberge remarquent que quand le jeu est bon, le son est bon, et souvent, l’image est bonne et donc la prise est dans la boîte. Il y a un bon « alignement de planètes » dans ces cas-là, et c’est ce qu’on recherche quand on fait un film."

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