Matière à réflexion...#10

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La période estivale est le moment idéal pour faire une pause prolongée au travail. Les grandes vacances sont ainsi l’occasion de se "déconnecter" du travail et de se rapprocher de son foyer. Il n'y a pas si longtemps, nous n'avions jamais entendu parler du mot "déconnexion" et, avant l'été, des accords ont même été conclus au niveau sectoriel pour préserver le droit des travailleur.euse.s à la déconnexion.

Déconnecter signifie s'éloigner du travail et se déconnecter mentalement. Il s'agit du droit à ne pas être dérangé par des questions liées au travail après les heures de travail. Le besoin de déconnexion gagne à juste titre en importance, au profit de la santé mentale. Être capable de se détacher de son travail est un facteur important de lutte contre le stress et le burn-out. Mais comment délimiter ces frontières et les faire tenir ? Pour y parvenir, le droit à la déconnexion a été formalisé. Il s'agit d’un accord sur les limites que les employeurs, les managers et les collègues doivent respecter. L'affirmation du droit à la déconnexion est une tâche qui nous incombe à tous : tout d'abord à l'employeur, qui doit définir la politique et montrer l'exemple. Puis à tous les collaborateurs , qui doivent contribuer à la diffusion et au respect de cette politique.

Que la conclusion de ces conventions collectives de déconnexion soit un début pour nous, en tant que secteur, d'accorder une attention croissante au bien-être mental sur le lieu de travail. Que ce soit un signal pour de nombreux professionnels de se déconnecter plus rapidement, non seulement pour eux-mêmes mais aussi pour leurs collègues, afin d'améliorer le bien-être sur le lieu de travail ainsi que dans la vie privée.

Pendant la période estivale, nombreux sont ceux qui s'envolent vers des lieux éloignés de la routine quotidienne pour se couper du travail. Je n'ai pas pris de vol cet été et, à l'exception de quelques excursions d'une journée et d'un week-end prolongé, je suis resté chez moi pendant trois semaines. J'ai cherché à me rapprocher de ma maison. Me connecter à mes proches, à ma famille et à moi-même. Apprécier le fait d'être en famille, inviter des amis et des membres de la famille, lire, passer des disques, ne rien faire… Des activités pour lesquelles on ne prévoit pas de temps ou qui ne sont pas prévues dans une journée de travail normale.

Le fait de rester à la maison m'a parfois mis mal à l'aise. Je me suis senti obligé de donner une justification. Les grandes vacances signifient partir physiquement et ne pas le faire est considéré comme quelque chose d'étrange. Un malentendu qui peut être compris assez rapidement, malgré tout. Ce sont ces mêmes regards qui sont parfois portés sur le lieu de travail lorsque l'on travaille de 9 à 5 au pied de la lettre. Bien que ce soit aussi ce pour quoi vous êtes contractuellement payé et dans le cadre duquel vous fournissez le travail demandé, on vous reproche parfois un manque de motivation ou d'éthique du travail. Une CCT de déconnexion ne résoudra pas immédiatement ces réactions en imposant des règles, mais il faut espérer qu'elle permette d'aboutir à une compréhension mutuelle.

La déconnexion va de pair avec la connexion. Pas seulement avec le travail physique, mais certainement en se connectant mentalement avec ses collègues. Le coronavirus nous a donné et enseigné les capacités techniques pour travailler à distance, mais nous a-t-il aussi appris à rester efficacement connectés ? Ou nous a-t-il appris à nous déconnecter réellement ?

Il est tout à fait possible de prendre des dispositions pratiques pour travailler sans contact humain réel, Asana, Slack, mail, Zoom, Whatsapp, des outils largement à portée de main. Mais la connexion mentale avec les collègues ne passe-t-elle pas souvent à la trappe ? La pause café informelle est un peu plus difficile via Slack...

En d'autres termes, en plus de nous focaliser sur la déconnexion, prêtons-nous suffisamment d'attention à la véritable connexion avec nos collègues ? Qui sont-ils, que font-ils, qu'est-ce qui les motive ? Sommes-nous suffisamment connectés pour prêter attention au bien-être général de nos collègues ? Remarquons-nous lorsqu'un collègue ne se sent pas bien ? Lorsque ce collègue est stressé ? Lorsqu'il est affecté par un comportement transgressif ? Sommes-nous là pour nos collègues ? Une matière à réflexion.


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