Depuis des décennies, la Sabam est la référence belge en matière de droits d’auteur. Un partenaire à l’écoute, bâtisseur de passerelles, qui simplifie la vie des créateur·rice·s, les accompagne et les relie. Mais que fait exactement la Sabam ? Et en quoi fait-elle la différence, tant pour les jeunes talents que pour les auteur·rice·s confirmé·e·s ? Séverine Marijsse, responsable du département Images & Textes, nous l’explique.
Un partenaire multidisciplinaire
Avec plus de 50.000 membres, la Sabam est la plus grande société de gestion de Belgique. Au-delà d’être une société qui facture et répartit des droits d’auteur, elle joue aussi un rôle de guide, de filet de sécurité et de tremplin pour les créateur·rice·s. Séverine l’explique : « Nous sommes une organisation multidisciplinaire qui rassemble des créateur·rice·s de toutes les formes d’art. Tout le monde peut s’adresser à nous : écrivain·e, réalisateur·rice, scénariste, artiste visuel·le, photographe, humoriste, auteur·rice de théâtre ou compositeur·rice. Notre fonctionnement repose sur deux pôles principaux : Musique et Images & Textes. Ce dernier regroupe quatre disciplines : l’audiovisuel, les arts visuels, le théâtre & la danse, et la littérature. Ensemble, nous formons une seule équipe qui se renforce et se soutient mutuellement. C’est une richesse, non seulement pour nous, mais aussi pour nos membres, qui se consacrent souvent à plusieurs formes d’art. Pensez à un·e auteur·rice de théâtre qui compose aussi de la musique, un livre adapté à l’écran ou un·e écrivain·e qui illustre ses propres ouvrages. »
Tout sous un même toit
Cette dynamique entre les disciplines artistiques fait de la Sabam une maison aux multiples facettes, qui offre un large éventail de services sous un même toit. Séverine : « Nos membres bénéficient d’un seul interlocuteur pour toutes leurs questions, quelle que soit leur discipline artistique. Pas besoin de frapper à plusieurs portes ! Chaque département dispose d’un·e account manager qui traite les demandes en interne. Chaque dossier est ainsi suivi par une personne de confiance, dotée d’une expertise sectorielle transversale. Cela nous permet d’offrir un service à la fois clair et personnalisé. »
Au-delà de la barrière linguistique
La langue ne représente aucun obstacle. Séverine détaille : « Nous sommes présents partout en Belgique – en Flandre, en Wallonie et à Bruxelles – et nos membres sont accompagnés dans leur langue, par une personne qui comprend leur contexte culturel. » Et ce n’est pas tout : la Sabam relie également les créateur·rice·s et les organisations au-delà de la frontière linguistique, à travers des événements de réseautage et des projets collaboratifs. « Cela stimule la création, offre à nos membres une scène supplémentaire et augmente leurs opportunités d’exploitation. Un exemple ? Nous avons demandé à une autrice flamande et à un auteur wallon de créer ensemble une pièce, présentée tant à Theater aan Zee à Ostende qu’au Festival Royal de Spa. Deux festivals similaires qui, jusque-là, ne se connaissaient pas. Cette collaboration leur a permis de montrer leur travail sur les deux scènes… et de générer des droits supplémentaires. »
Une présence active sur le terrain
« Comment faisons-nous encore la différence ? En étant présents partout : dans tous les grands événements culturels et les festivals. Cela nous permet de soutenir les carrières des jeunes talents. Prenez une projection au Festival International du Film Francophone de Namur (FIFF) : elle ne sert pas seulement à divertir le public, elle renforce aussi le secteur. En tant que partenaire, nous y organisons des séances d’information pour aider le secteur à se professionnaliser, nous créons de nouvelles opportunités pour les créateur·rice·s et nous restons au plus près du terrain. Cela nous permet de rester à l’écoute, d’entendre les besoins, et d’y répondre directement. »
Nous voulons offrir une scène aux auteur·rice·s. Veiller à ce que leur travail soit reconnu à sa juste valeur.
Soutien juridique et financier
La Sabam veille non seulement à ce que ses membres soient rémunérés correctement, mais aussi à ce qu’ils reçoivent tout ce à quoi ils ont droit. Séverine explique : « Beaucoup de jeunes créateur·rice·s ignorent qu’ils disposent de certains droits, comme le droit de suite ou le droit de reproduction, par exemple. C’est regrettable, car cela signifie des revenus perdus. Les sensibiliser à ces droits fait partie de nos missions essentielles. Nous le faisons via des formations et des conférences lors d’événements, de festivals et dans les écoles. Nos expert·e·s juridiques vont directement à la rencontre des membres pour leur offrir un accès simplifié à nos services. En parallèle, nous attribuons des bourses pour soutenir la création, l’utilisation et l’internationalisation des œuvres. Un processus créatif demande du temps et de l’argent et une œuvre ne rapporte que lorsqu’elle est utilisée. Nous les soutenons à chaque étape du parcours. Notre objectif ultime ? Que chaque auteur·rice puisse vivre de son travail. »
Ancrée localement, connectée au monde
Grâce aux accords de réciprocité avec des sociétés d’auteur·rice·s à travers le monde, les membres de la Sabam touchent aussi leurs revenus générés à l’étranger. Une série cartonne outre-mer ? La Sabam veille à ce que les droits soient facturés sur place, puis elle les répartit correctement ici. Dans le même temps, la Sabam représente aussi les auteur·e·s étrangers dont les œuvres sont diffusées en Belgique. Séverine précise : « Ce qui nous distingue, c’est que nous ne nous contentons pas de facturer ces droits : nous les traitons entièrement en Belgique. L’argent reste donc en Belgique jusqu’au moment où il arrive sur le compte de nos membres. Nous pouvons ainsi garantir que tout se passe conformément à la législation belge. Nous avons une équipe interne dédiée au back-office qui gère l’ensemble du processus : de la facturation
au paiement. Nous réagissons donc plus vite, nous limitons les erreurs et nous garantissons un niveau élevé de transparence. Contrairement à d’autres sociétés de gestion qui dépendent partiellement d’instances étrangères pour le traitement des droits, nous gardons volontiers la main, et nos membres en ressentent directement les bénéfices. »
Le regard tourné vers l’avenir
Le paysage numérique évolue à toute vitesse, et cela impacte les droits d’auteur partout dans le monde. Séverine : « L’intelligence artificielle, et surtout l’IA générative, constitue sans aucun doute le plus grand défi. Elle soulève des questions fondamentales sur la notion même d’auteur, la propriété intellectuelle et la rémunération. Comment éviter que le travail de nos auteurs et autrices serve à entraîner des modèles d’IA ? Et comment faire en sorte qu’ils et elles profitent aussi des nouvelles opportunités qu’elle crée ? » Les réseaux sociaux et les plateformes internationales de streaming modifient aussi les
règles du jeu. « Des auteur·rice·s travaillent aujourd’hui exclusivement sur YouTube ou TikTok, » dit-elle. « C’est un phénomène nouveau qui demande une approche différente. C’est pourquoi nous misons sur la sensibilisation, la protection juridique et l’influence politique. Nous conseillons nos membres, nous relisons leurs contrats et veillons à y inclure les clauses adéquates pour protéger leurs droits. »
Une forte position de négociation
L’absence de réglementation européenne ne facilite pas les choses, même si les discussions avancent. « Il reste encore un long chemin pour parvenir à une harmonisation internationale des droits d’auteur, » souligne Séverine. « Chez nous, les droits des réalisateur·rice·s et des scénaristes vont de soi, mais ce n’est pas le cas partout. Chaque pays applique ses propres règles et tarifs. Cela complique les négociations avec de très grands acteurs comme Netflix, Spotify ou Meta, qui opposent souvent les pays entre eux. La collaboration devient donc cruciale. Avec nos partenaires, les fédérations professionnelles et nos concurrents du secteur, nous mettons la pression sur les décideurs. Grâce à notre envergure, notre voix porte davantage dans le débat. »
Un seul écosystème
Ce qui fait aussi de la Sabam un partenaire de choix, c’est sa capacité à garder une vision d’ensemble. Séverine : « Les droits d’auteur, c’est complexe. Chaque partie suit ses intérêts et sa réalité économique. Les chaînes publiques vivent de subsides, les chaînes commerciales de recettes publicitaires, les plateformes de streaming d’abonnements. Ensemble, nous formons un seul et même écosystème dans lequel chacun·e joue son rôle. Réconcilier ces intérêts relève d’un vrai savoir-faire : cela demande coopération, équilibre et compréhension. »
Simplicité et connexion
« Voilà pourquoi je plaide pour la simplicité et la connexion, » conclut-elle. « Apprendre à se connaître et à se comprendre, communiquer de manière claire et transparente. Mon parcours commercial m’amène à envisager les droits d’auteur sous un autre angle, attentive à la dimension économique et business. J’aime l’efficacité, les systèmes logiques et limpides. La création mérite une rémunération juste, mais nous devons aussi tenir compte de la réalité de nos partenaires. C’est la seule manière de préserver l’équilibre et de garantir un modèle équitable pour tout le monde. »